Impregnation 1, 1-19
IMPREGNATION 1,1-19 est un travail tout frais, qui me ramène aux techniques "classiques". Plus question de tablette graphique sur cette illustration, pas plus que de peinture d'ailleurs: j'ai réalisé ce paysage à la craie d'art et aux carrés Conté sur Canson mi-teinte. L'original est assez grand, 36x64. C'était un format raisin que j'ai recoupé au format 16/9 pour donner une impression cinématographique, quelque chose d'un peu "western" (genre ultime du cinéma).
A ce jour, je n'avais fait qu'un seul travail à la craie, mais celui-ci augure de toute une série. Les découvertes que je viens de faire m'obligent à reconsidérer cet outil, et probablement à passer directement au pastel (la technique "soeur " de la peinture). Je parle de pastels et de craies secs, j'ai horreur des pastels gras. La nature pulvérulente de la craie implique un certain nombre de précaution: bien que le dessin soit fixé, j'ai préféré ne pas prendre le risque de le scanner, pour éviter de voir mon travail finir comme un mandala bouddhique! J'ai donc fait une série de photos que j'ai réunies sur ordinateur. Il en résulte malheureusement des décalages (difficilement perceptibles pour vous mais trés agaçants pour moi) et des couleurs faussées. Cependant je vous livre ce que j'ai obtenu de mieux après les corrections numériques de ces photographies.
Le sujet de ce tableau n'existe pas: c'est une pure recherche. Mais comme j'ai passé le temps (et l'envie) des natures mortes, je suis parti dans cette illustration de science-fiction, en me moquant un peu de ce que j'allais montrer. Au départ, la boule contenait un insecte en sommeil... Finalement, j'ai opté pour ce jeu d'opposition entre un monde infernal et la pureté d'un paysage paradisiaque. Résultat, tout-à-fait à la fin, j'ai trouvé mon sujet et du coup le titre: "impregnation" est le terme anglais pour fécondation et les chiffres renvoient aux premières lignes de la genèse biblique. La boule ne ressemble-t-elle pas à une graine de vie?
Voici quelques photographies de l'élaboration. Les heures de travail mises bout à bout font une bonne journée de 20 heures.
L'esquisse de base est faite directement en couleur. Comme vous le voyez, il y avait une structure à droite de la chaîne de montagnes et de la boule: je l'ai vite abandonnée car elle cassait totalement l'énergie de la composition: le regard ne savait pas où aller.
Un moment de pure détente: les détails! Ici, je rajoute les petites rigoles de lave et je réchauffe la base des rochers à coups de couleurs évidemment chaudes.
Comment ombrager une zone déjà achevée que l'on juge trop éclairée? En voici un bon exemple: je n'hésite pas à recouvrir largement l'endroit voulu par le chant du pastel. Par la suite j'estompe et je reprend les détails qui ont été trop profondément noyés. Ne jamais hésiter à revenir sur les zones du dessin que l'on ne juge pas convaincantes! Quitte à les supprimer parfois...
Je bannis généralement l'estompage de mes travaux au fusain ou au graphite, et aussi l'estompage numérique. Au pastel il s'avère indispensable, à condition de ne pas miser tout sur lui. Il sert ici à soutenir le sujet, à créer des aplats de fond suffisamment denses pour couvrir, notamment dans le cas du ciel, le papier de couleur. Il permet aussi de créer quelques effets proches du pinceau.
Le passage du fixatif doit être progressif et uniforme. Malgré toute l'attention qu'on y porte, il n'y a pas de miracle: en général, les couleurs sont altérées.
Frédéric MATHIAS