Frère Loup
Commence le deuxième jour pour ce carnet de route, et déjà... il me revient, il m'assaille en meute comme toujours, il cherche à ressaisir la terre qu'on lui a volée, et il sait que son terrain de guerre est à présent le fond de nos crânes: Frère loup, tu saisis mes entrailles, tu domines les collines de l'honneur, ton sang a le goût de la liberté.
Depuis l'enfance, le loup m'accompagne, et qui me connaît le sait bien: il passe, plus ou moins discrètement, sur tous mes travaux, en particulier l'écriture. En revanche, je le dessine peu, et quel meilleur outil, pour lui rendre ce rare hommage visuel, que la plume?
Dessiner ces loups est pour moi un retour à l'encre de chine, que j'ai délaissée pendant des mois, voire des années. Les retrouvailles ont été cordiales, et m'ont donné envie de revenir à ce formidable moyen d'exprimer la fluidité, la tendresse et la vie par le biais d'une technique rude, puissante, véritable arme blanche qui n'autorise aucune faiblesse dans le poignet.
Je vous renvoie à Sergio Toppi, magicien du noir et blanc hélas méconnu, et à la plupart des mangaka: faut-ils s'en étonner, les japonais maîtrisent l'encre de chine comme le katana...
Nous aurons l'occasion de reparler du loup, qui sait, s'il revenait rôder à nos portes...
Frédéric MATHIAS